Il est de ces endroits d'abord insignifiants
Dont la banalité défend qu'on s'y arrête.
Un virage oublié, des peupliers tremblants
Penchés sur un ruisseau qu'une eau pâle reflète.
Le ciel ne parvient pas à déchirer les ombres,
Le soleil pose à peine ses éclaboussures.
On dirait qu'une vie se fige en ces coins sombres,
Sans éclat ni lumière, oubliée des souillures.
Pourtant y flotte un air de pure nonchalance,
De nature en repos protégée du silence.
L'absence d'apparât rend le cliché futile.
Le charme est singulier, propice aux coeurs fragiles.
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Sur une vaste plaine aux contours éloignés
Les ailes des corbeaux posent leur chappe noire,
Accordant leur cri rauque à la langueur du soir.
Ombre épaisse tachant les sillons ordonnés.
Quand le vol frémissant se perd dans les nuages,
Le silence s'empare alors du paysage.
Seul un oeil attentif glorifie cet instant.
La nature obéit au rituel du temps.
Rainbow (06/2011)